Laissez-vous conter l’histoire et le patrimoine du bourg de Najac, cité médiévale perchée au-dessus des gorges de l’Aveyron. 

L’Histoire de Najac est liée aux grands événements de l’histoire de France : la Croisade contre les Albigeois, la guerre de 100 ans, les guerres de religions, la révolte des Croquants…

Najac, la sentinelle

Tenant son nom d’un domaine gallo-romain, Najac se développe au XIème siècle sous l’aile protectrice d’un château fort.

Au milieu du XIIIème siècle, au lendemain de la croisade contre les Albigeois, et alors que les terres du Midi de la France se couvrent de bastides, le bourg de Najac, dont le positionnement est stratégique, est réaménagé par le comte de Toulouse Alphonse de Poitiers, frère du roi Saint Louis. Najac devient alors une ville de pouvoir, siège de la sénéchaussée du Rouergue… Des travaux considérables y sont réalisés afin d’asseoir l’autorité royale et développer des échanges : le château fort est reconstruit, une nouvelle et vaste église est bâtie, et un quartier neuf est aménagé autour de la place du Barry afin d’accueillir des marchés.

D.Viet – CRTL Occitanie
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  • 1271 : Najac et le comté de Toulouse sont rattachés à la Couronne. La ville connaît alors et pendant tout le Moyen Age une aisance économique. Les pèlerins y affluent…
  • 1348 : la peste Noire décime la population de Najac et ralentit considérablement l’économie dans le Rouergue. Entre 1362 et 1368, et conformément au traité de Brétigny, la ville est occupée par l’armée royale anglaise, jusqu’à ce que la population ne massacre la garnison qui stationnait dans le château.
  • 1589 : les Huguenots occupent Najac et se livrent au pillage. Poussés par la faim, ils sont finalement chassés du château par la population.
  • 1643 : éclate la révolte des Croquants. Ces paysans pauvres et affamés occupent Najac et Villefranche-de-Rouergue. Ils sont arrêtés, puis condamnés à mort pour l’exemple.
  • À la Révolution : le château est livré au pillage. Le monument est heureusement sauvé de la destruction. Au milieu du XIXème siècle, est aménagée la ligne de chemin de fer, dont une section passe sous le village. Le phylloxéra qui ruine l’économie viticole, la première guerre mondiale, puis l’exode rural modifient singulièrement les pratiques artisanales et agricoles.

Laissez-vous conter l’histoire de Najac…

Najac occupe un massif escarpé où le schiste et le gneiss imposent d’étonnantes tonalités au paysage. La couverture végétale des gorges, dans lesquelles étaient cultivés autrefois le chanvre et le lin, est foisonnante. Elle se distingue de celle des collines sur lesquelles les conifères ont progressivement supplanté les vignes et les vergers, ainsi que les forêts de chêne et de châtaignier dans lesquelles paissaient les troupeaux.

Le village, qui s’organise de part et d’autre d’une longue rue principale reliant le quartier de la Pause à la place du Barry, s’étire d’est en ouest le long d’une étroite arête rocheuse au bas de laquelle serpente un méandre de l’Aveyron. Telle une sentinelle, Najac surveille la rivière que deux ponts datant de l’époque médiévale permettent de franchir, et une vallée constituée de bois et de pâturages.

Ce village-rue d’une longueur exceptionnelle, dont le château fort occupe le point culminant du promontoire, et qui a su coloniser les pentes abruptes de la roche, est bordé par une multitude de terrasses à l’emplacement desquelles s’élevaient autrefois des habitations et des vignes.

Les incontournables du village

L’église Saint-Jean l’Évangéliste (XIIème siècle)

L’Église, qui adopte le style gothique languedocien, et dont les proportions sont monumentales, a été élevée à la demande des inquisiteurs dominicains grâce à la participation des habitants, dont plusieurs, suspectés d’hérésie, ont été condamnés au paiement d’une forte amende pour racheter leurs fautes.

L’architecture éminemment sobre de ce vaste coffre de pierre, que contrebutent d’énormes contreforts, est éclairée par des fenêtres constituées de dalles ajourées.

La nef unique, large et haute, était adaptée au prêche, aux réunions publiques et à l’accueil des pèlerins qui pouvaient y contempler des reliques. Ces derniers recevaient l’hospitalité dans l’auberge Saint Jacques, située en face de l’église.

La maison du Gouverneur (XIIIème, XIVème et XVème siècles)

Ancienne résidence affectée à l’administration royale, puis propriété de différentes familles nobles se livrant au négoce pendant la fin du Moyen Age, le bâtiment conserve d’importants vestiges architecturaux (arc de boutique, fenêtres, placards, conduit de latrines) datant du XIIIème, XIVème et XVème siècles.

Le bâtiment abrite actuellement le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine des Bastides du Rouergue. Ouvert à la visite. 

La porte de la Pique (XIIIème siècle)

Cet ouvrage défensif, contemporain du château fort édifié par Alphonse de Poitiers, faisait initialement partie de l’enceinte qui ceinturait la ville jusqu’au XVIIIème siècle. La porte, couverte par un arc en plein cintre, était surmontée par une chambre haute destinée à en défendre l’accès, et défendue par un assommoir permettant de pilonner d’éventuels assaillants.

Et d’autres pépites patrimoniales…

La place du Faubourg

Aménagée pour y développer des marchés, la place, longue et étroite, est bordée par deux rangées de maisons qui formaient un lotissement linéaire. Au sud, les maisons en pierre ou à pans de bois des XVème et XVIème siècles, alignées, se prolongent par des couverts sous lesquels étaient abritées les marchandises à vendre. Une saignée correspondant à une demie canne (1 m. environ) creusée dans un pilier rappelle la nécessité qu’avaient les agents consulaires d’étalonner les pièces de draps de laine, de lin ou de chanvre vendues par les marchands étrangers aux mesures de Najac.

La fontaine des Consuls (1344)

Cette fontaine publique creusée dans un bloc monumental de granite, occupe la partie centrale du village. Une dédicace en latin rappelle la date de sa construction et les noms des consuls qui en furent les commanditaires. Les armes de Najac (un château fort), un évêque bénissant (l’évêque de Rodez Gilbert de Cantobre), un roi portant la barbe, et des personnages aux figures énigmatiques en ornent la cuve décagonale.

La chapelle Saint-Barthélémy (XIVème siècle)

Cette chapelle qui conserve l’essentiel de son ordonnance architecturale, et dont subsiste le portail d’entrée, était autrefois associée à un hôpital et à un cimetière. Elle relevait de la Dômerie d’Aubrac. Confisquée au titre des Biens nationaux et vendue pendant la Révolution, elle a été transformée en maison d’habitation.

La maison du Sénéchal (XVème et XVIème siècles)

Construite au bas du château fort, cette demeure de la fin du Moyen Age, qui conserve des fenêtres à meneaux, une échauguette et les fragments d’une peinture murale, passe pour avoir été la résidence du sénéchal du Rouergue, à l’époque où Najac – alors peuplée d’environ 3000 âmes – était la capitale administrative et judiciaire de la province du Rouergue.

Le pont Saint Blaise (XIIIème siècle)

Construit le long de la route primitive qui menait à Villefranche-de-Rouergue, ce pont à dos d’âne permettait aux marchands, ainsi qu’aux pèlerins qui se dirigeaient vers Compostelle, de franchir l’Aveyron en toutes saisons. Les seigneurs locaux, puis les consuls qui agissaient pour le compte du roi de France y tenaient un péage, percevant d’importantes taxes (tonlieu) sur les personnes et les marchandises.

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